Un nouveau sondage a révélé dimanche, qu'un mois de manifestations notamment des "Gilets Jaunes" ont réellement impacté sur la popularité du président français Emmanuel Macron.
Les analystes affirment qu'il sera contraint de changer de gouvernement.
Environ 66 000 manifestants se sont encore déplacés samedi lors de la cinquième série de manifestations antigouvernementales, qui ont vu le jour le mois dernier en raison des taxes sur le diesel.
Ce chiffre correspond à environ la moitié de celui de la fin de semaine précédente, ce qui laisse supposer un ralentissement de la dynamique politique et la crise politique la plus aiguë depuis les 19 mois de présidence d'Emmanuel Macron.
"Cela se calme, mais il reste encore un fort sentiment de haine envers Macron", a déclaré le sociologue Hervé Le Bras de l'Ecole supérieure des sciences sociales (EHESS).
Un important sondage du groupe Ifop publié dans le Journal du Dimanche a montré que la popularité de Macron avait perdu deux points de plus le mois dernier, passant à 23%.
La proportion de personnes qui se sont déclarées "très insatisfaites" par son leadership a bondi de six points pour atteindre 45%.
De nombreux manifestants ont personnellement pris pour cible Macron, lui demandant de démissionner, ciblant ses antécédents de banquier d'affaires et l'appellant le "présient des riches".
Un sondage différent effectué mercredi dernier par Ipsos a montré que 20% seulement des personnes interrogées étaient satisfaites de sa présidence, soit une baisse de six points à son plus bas niveau de tous les temps.
Le Bras a déclaré que les manifestations avaient souligné la profonde aversion pour la personnalité et le style du gouvernement de Macron, que les critiques jugent arrogants et trop distants.

French police were prepared after the fifth weekend of protests. Source: AAP
"Même en étant plus humble, ça va être compliqué", a-t-il ajouté.
Le contexte a changé
Jusqu'à la semaine dernière, une nette majorité de Français avait soutenu les manifestations, qui avaient initialement été levées à cause de taxes élevées, avant de faire boule de neige et de former un front plus vaste face à Macron.
Pour tenter de mettre fin à l'impasse, le président a annoncé lundi un ensemble de mesures destinées aux travailleurs à faible revenu lors d'une allocution télévisée, qui coûterait jusqu'à 15 milliards d'euros (17 milliards de dollars) aux économistes.
Le jeune président de 40 ans a également reconnu une animosité généralisée à son égard, s’excusant presque pour une série de gaffes verbales considérées comme méprisantes pour les pauvres ou les personnes sans emploi.
Deux sondages publiés mardi dernier - à la suite des concessions de Macron - suggéraient que le pays était maintenant globalement à 50-50 sur la poursuite des manifestations.
"C'est un mouvement qui a réussi à refouler ce qui semblait être un gouvernement fort", a déclaré à l'AFP Jérôme Sainte-Marie, expert en opinion publique du groupe Pollingvox.
"Les gens ont confiance en eux-mêmes maintenant, donc les choses ne reviendront pas à ce qu'elles étaient le 15 novembre", avant le début des manifestations, a-t-il déclaré.
"Le contexte dans lequel Emmanuel Macron détient le pouvoir a changé", a-t-il ajouté.
L'ancien banquier d'affaires s'était jusqu'ici qualifié de réformiste déterminé en faveur du monde des affaires, qui ne céderait pas aux pressions de manifestations comme ses prédécesseurs.
"Macron a indiqué qu'il était plus ouvert au dialogue", a déclaré à l'AFP Jean-Daniel Levy du groupe de sondage Harris Interactiv.
Le gouvernement a annoncé une consultation de six mois avec des groupes de la société civile, des maires, des entreprises et des "Gilets Jaunes" afin de discuter de réformes fiscales et économiques.
La hausse des taxes sur l'essence et le diesel, ainsi que le renforcement des contrôles d'émissions des véhicules anciens - justifiés par des raisons de protection de l'environnement - ont été à l'origine du mouvement.
Emmanuel Macron "ne changera pas nécessairement le cours global de ses réformes, mais la manière dont il les mènera", a ajouté Levy.
Appels au calme
Samedi à Paris, c'était plus de 8 000 policiers pour les 2 200 manifestants recensés par les autorités locales.
Il y a eu 168 arrestations en début de soirée, beaucoup moins que les quelque 1 000 personnes de samedi dernier.
Des gaz lacrymogènes étaient occasionnellement déclenchés, mais très peu comparés aux week-ends du 1er ou du 8 décembre, lors desquels des graffitis étaient maculés sur l'Arc de Triomphe dans des scènes qui choquaient la France.
Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, s'est félicité samedi de la "nécessaire" affaiblissement des rassemblements des "Gilets Jaunes".
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a également appelé les manifestants à mettre fin à leur blocus à travers le pays, qui a vu la circulation et les activités perturbées.

Yellow Vests strike in Nantes. Source: AAP
"La sécurité de tous doit redevenir la règle", a-t-il déclaré dans un tweet.
"Le dialogue doit maintenant réunir tous ceux qui veulent transformer la France."
Il a ajouté que huit personnes étaient décédées depuis le début du mouvement.
Environ 69 000 membres des forces de sécurité ont été mobilisés samedi en France, contre 89 000 la fin de semaine précédente, alors que 2 000 personnes étaient arrêtées.
Source AFP - SBS