Nous nous retrouvons donc aujourd'hui pour un nouvel épisode de notre série consacrée aux grands auteurs et illustrateurs de bandes dessinées en français. Et comment penser à René Goscinny - dont nous vous parlions dans un précédent épisode - sans y associer le nom de Sempé?
Sempé surnomme en effet tendrement Goscinny "son premier ami parisien". Il admire son chic et son style new-yorkais.
Après leur rencontre au sein d'un hebdomadaire belge, l'écrivain de renom et le dessinateur génial décident de créer ensemble Le Petit Nicolas, lequel s'est vendu à plus de 15 millions d'exemplaires depuis la parution du premier volume en 1960. D'abord une bande dessinée, l'œuvre évolue rapidement vers un récit d'aventures illustrées. Des textes courts et imagés qui puisent dans les souvenirs d'enfance de Sempé pour raconter l'histoire d'un écolier dans un environnement urbain. Chaque ouvrage s'attache à décrypter dans un langage d'enfant les relations complexes entre les adultes, mais aussi celles entre les enfants, leur voisinage et leur quartier.
Et le moins que l'on puisse dire concernant l'enfance bordelaise de Jean-Jacques Sempé, c'est qu'elle fut loin d'être gaie. Enfant naturel, solitaire aussi, Sempé est constamment baigné dans les disputes familiales et les scènes de colère de ses parents. De ces années compliquées, et des étés passés en colonie de vacances, Sempé choisit de ne retenir que la tendresse... et la folie un peu aussi. Dans les contes du Petit Nicolas - 222 histoires illustrées par environ mille dessins - Nicolas a des copains aux noms peu communs et surprenants: Rufus, Alceste, Maixent, Eudes, Agnan, Clotaire et jusqu'au surveillant d'école surnommé le Bouillon…
Mais ce serait faire l'impasse sur tout un pan de sa création que de réduire Sempé au Petit Nicolas. À partir de 1962 et la parution de Rien n'est simple, Sempé publie presque chaque année un album de dessins chez l'éditeur Denoël, soit quarante jusqu'en 2010! On retrouve également son trait et son esprit, ses dessins d'humour et d'humeur, presque chaque semaine dans de nombreuses revues de presse françaises telles que Le Figaro, Paris Match, le Nouvel Observateur, Télérama ou encore l'Express.
Sempé nous a quittés le 11 août dernier, donnant une semaine plus tôt comme légende à son dernier dessin dans le journal Paris Match "Pense à ne pas m'oublier".
Difficile d'oublier tant de poésie, d'humour et de douceur...
Quant au petit Nicolas, saviez-vous qu'il tire son nom d'une publicité du caviste du même nom? Une publicité célèbre au début des années 60 et qui aurait semble-t-il inspiré la création du personnage.