Un groupe de journalistes et hommes du milieu des médias français est accusé d’avoir formé un « boys’ club » qui harcelait leurs collègues féminines en ligne.
Nommé Ligue du LOL, ce groupe Facebook privé (principalement formé d’hommes dans la trentaine) a ridiculisé des femmes journalistes durant plusieurs années, utilisant parfois des « memes » pornographiques pour s’attaquer a elle.
Les femmes considérées comme féministes étaient les victimes de prédilection du groupe.
Le fondateur du groupe, le journaliste Vincent Glad, a été suspendu par son employeur, Libération, en début de semaine, après qu’une enquête de son propre journal ait confirmé l’existence du groupe.
L’éditeur web de Libération, Alexandre Hervaud a aussi été suspendu, ainsi que celui des Inrockuptibles, David Doucet.
L’affaire, qui a fait écho à l’international, a été surnommé le moment #MeToo des médias français. Libération a référé au groupe comme un « boy’s club » qui harcelait les femmes en ligne et faisait des blagues sur la culture du viol.
Des victimes du groupe ont raconté comment leurs attaques les avaient poussé à quitter le journalisme et à avoir des idées suicidaires.
La Ligue du LOL a entre autres visé l’animatrice Florence Porcel, tentant de l’humilier en se faisant passer pour des producteurs lui offrant un emploi, puis en diffusant l’enregistrement de leur conversation en ligne.
D’autres femmes ont vu leur tête montée sur des images pornographiques.
Fondée en 2009, Ligue du LOL avait aussi des membres dans le milieu des relations publiques, du design graphique et de l’éducation aux médias. Elle était moins active dans les dernières années.
Stephen des Aulnois, qui était a la tête d’un site de culture porno, a démissionné lundi et suspendu son blogue, s’excusant d’avoir pris part aux activités du groupe.
Le Monde a quant a lui renvoyé trois journalistes du Huffington Post pour avoir fait des remarques inacceptables dans le cadre de leur travail. Le rédacteur en chef et l’éditeur du journal ont dit que les journalistes ont été renvoyés pour des commentaires faits sur une page Facebook privée, sans confirmer qu’il s’agissait de celle de la Ligue du LOL.
« J’ai honte »
Des Aulnois a admis avoir été membre du groupe « dont les actions répétées sont du harcèlement ». Il s’est excusé publiquement à celles qu’il a blessées et harcelées.
Le fondateur du groupe, Glad, a d’abord nié que le groupe était antiféministe. Il a finalement publié de longues excuses sur Twitter, disant ne pas avoir réalisé avant aujourd’hui que ses “blagues” étaient problématiques.
Christophe Carron, éditeur de Slate France, a aussi admis avoir déjà fait parti du groupe.
La journaliste Mélanie Wanga a dit avoir quitté Twitter pour plusieurs années pour éviter l’abus de ses harceleurs.
Le ministre français des Affaires numériques, Mounir Mahjoubi, a dit que les hommes de la Ligue du LOL « étaient des losers qui ont cru être les rois d’Internet ».
La ministre de l’Egalite entre les hommes et les femmes, Marlene Schiappa, a rappelé que le harcèlement en ligne est illégal. Elle a ajouté quelle considérait allonger le délai de prescription pour les poursuite pour le harcèlement en ligne.
Le délai de prescription est actuellement de six ans, ce qui signifie que les harceleurs de la Ligue du LOL ne peuvent pas être poursuivis pour des gestes commis avant 2013.