Le terme «dépendance» est souvent utilisé lorsque nous pensons que quelqu'un consacre trop de temps à quelque chose que nous jugeons préjudiciable à sa santé et à son bien-être. Entre vérifier nos téléphones de façon répétitive, jouer avec des applications spécifiques et passer son temps à envoyer des textos avec des fonctions de messagerie, l'utilisation excessive du smartphone est devenue la cause de ces addictions.
À l'échelle mondiale, plus de deux milliards de personnes possèdent un smartphone et l'utilisateur moyen consulte son téléphone 85 fois par jour.
Vérifier nos applications de smartphone de manière obssessive peut ressembler à une dépendance, mais, pour la plupart des gens, c'est un comportement facile à arrêter et sans effets de frustration.
Cela dit, une petite proportion de personnes peuvent être plus sujettes à des dépendances comportementales face à certaines fonctions que leur apporte leur smartphone comme les jeux d'argent en ligne, la pornographie, les jeux et les médias sociaux. Cliniquement parlant, vous ne pouvez pas devenir accro à un appareil, mais vous pouvez développer des dépendances comportementales à certaines de ces utilisations.
Qu'est-ce que la dépendance?
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) classe la dépendance comme une addiction à une substance, comme les drogues illicites ou de prescription, le tabac ou l'alcool. Une personne est accro quand elle a une dépendance physique et comportementale à la substance.
En 2013, la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (connue sous le nom de «bible du clinicien») a introduit des critères plus larges pour les «addictions comportementales», qui n'incluent pas l'élément de dépendance physique. Ce sont des compulsions à s'engager dans une tâche ou un acte qui mène au plaisir psychologique.
Les dépendances comportementales, telles que le jeu ou la dépendance au sexe, peuvent causer des dommages psychologiques dans les relations plus larges avec les amis, la famille et les collègues.
Les dépendances à la fois «substantielles» et «comportementales» ont un impact sur la façon dont nous traitons l'information. Au fil du temps, le cerveau se rebranche pour rechercher la récompense dont il a besoin pour obtenir du plaisir ou du soulagement du stress. Plus un toxicomane cherche une récompense spécifique qui déclenche à la fois la dopamine et d'autres effets physiologiques (tels que le stress et le soulagement de la douleur), plus le cerveau diminue la sensibilité aux circuits de récompense.
À ce jour, on ne compte pas de dysfonctionnements mentaux sévères dûs à l'utilisation de smartphones. Il est donc peu probable que nous soyons «accro» à nos smartphones, comme on peut souvent l'entendre.
Plutôt que la dépendance, les utilisateurs de smartphones rapportent plus souvent un comportement obsessionnel. Les utilisateurs qui vérifient constamment leur téléphone, recherchent des opportunités pour une récompense de dopamine courte, une distraction face à l'ennui ou durant des tâches banales telles que le transport en commun.
Néanmoins, certains chercheurs ont décelé un potentiel d'addiction chez les personnes qui présentent un risque élevé de dépendance au comportement. Ces personnes peuvent éprouver plusieurs changements de comportement négatifs au fil du temps, tels que l'anxiété et l'irritabilité, ainsi qu'une détresse extrême lorsqu'ils ne peuvent pas accéder à leur téléphone.
Des études récentes en Suisse ont confirmé que les personnes de moins de 18 ans sont exposées à des comportements obsessionnels ou addictifs autour de leur smartphone, probablement en raison d'un mauvais contrôle des impulsions lié au développement de leur lobe frontal. Cela suggère que les adultes ayant un faible contrôle des impulsions et / ou des troubles de la personnalité peuvent être plus à risque de dépendance au smartphone.
Le problème des réseaux sociaux
L'impact comportemental lié aux réseaux sociaux passe d'un comportement obsessionnel (implication et vérification des applications de smartphones jusqu'à ne pas récompenser la dopamine) à une addiction comportementale (recherche compulsive d'un coup de dopamine via une récompense fournie par notre téléphone).
L'utilisateur moyen aux États-Unis consacre environ cinq heures par jour à utiliser des activités fonctionnelles sur les smartphones, telles que les textos, l'utilisation des médias sociaux, les recherches sur Internet, les appels téléphoniques; la moitié de ce temps est consacrée aux réseaux sociaux (y compris les textos).
L'utilisation fonctionnelle spécifique de notre smartphone doit être regarder de plus près. Les réseaux sociaux récompensent les utilisateurs par le biais de «j'aime», d'utilisation d'emojis et d'engagements sociaux auprès d'un large public. Plus les gens répondent à un 'post', plus nous prenons plaisir à ce que les gens valident nos pensées ou nos intérêts.
Le temps passé sur les réseaux sociaux et à constamment envoyer des textos aux amis et à la famille, peut être plus préoccupant que l'appareil utilisé (téléphone ou ordinateur), car il conduit à des augmentations de dopamine, soit de plaisir ou de soulagement dû au stress.
Les gens sont connectés pour rechercher l'affirmation et l'acceptation dans les milieux sociaux. Avant la montée de Facebook et d'Instagram, les humains se cherchaient dans de nombreux contextes d'engagement social et de validation sociale. Il n'est donc pas surprenant que lorsque nous avons la technologie nécessaire pour étendre nos connexions sociales dans des communautés plus larges - nous le faisons sans poser de questions.
En tant qu'adultes, nous savons que nous ne pouvons pas socialiser tout le temps à cause d'autres exigences de notre temps. Pourtant, en tant que jeunes, le monde social est notre priorité, car il influence notre développement identitaire et doit se faire valider par nos amis et notre famille.
Ceux qui ont des problèmes avec l'utilisation prolongée des réseaux sociaux, des services de diffusion en continu, des jeux et des textos fréquents, répondent aux critères de «l'utilisation problématique d'Internet».
Dans ces cas, il est important de comprendre d'où vient cette sensation de récompense que vous obtenez de l'application que vous utilisez le plus sur votre smartphone, pour voir si vous pouvez obtenir la même récompense grâce à des activités plus productives et plus saines.
Si vous êtes toujours sur les réseaux sociaux, par exemple, demandez-vous: qu'est-ce que je gagne en postant et en répondant en ligne? Est-ce que je peux obtenir les mêmes avantages enrichissants des engagements sociaux en face-à-face?
Pour certains, l'engagement en ligne diversifie leur engagement social hors ligne, tandis que d'autres ne savent pas que la plus grande partie de leur vie est maintenant vécue en ligne.
Est-il temps de ranger son smartphone?
De nombreux utilisateurs sont obsédés par certaines fonctions du smartphone. Mais avec le temps, elles [les applications] deviendront moins intéressantes et ressembleront beaucoup plus à un outil.
En attendant, nous devons éduquer les jeunes sur l'utilisation problématique d'Internet et les aider à comprendre pourquoi l'utilisation excessive des fonctions de leur smartphone peut être une perte de temps et, au pire, avoir un impact négatif sur leur bien-être mental. Cela peut être communiqué dans la petite enfance et renforcé tout au long des étapes de développement.
En ce qui concerne les adultes, voici quelques conseils pratiques pour réduire l'utilisation de votre smartphone:
1. Réduisez le nombre d'applications sur votre téléphone - évaluez ce dont vous avez réellement besoin et ce que vous utilisez le plus souvent, et pas seulement à des fins de distraction. Moins il y a d'icônes sur votre écran d'accueil, mieux c'est.
2. Désactivez les notifications via votre bouton de paramètres. Votre téléphone ne doit vous avertir que pour des événements significatifs afin d'améliorer votre santé et votre productivité pendant les heures de travail.
3. Lorsque vous chargez votre téléphone la nuit, ne le faites pas à côté de votre lit. Il est tentant de vérifier son téléphone dès le réveil. Essayez de vous réveiller en pensant à la journée à venir plutôt que "qu'est-ce que j'ai manqué sur les réseaux sociaux ou les nouvelles pendant que je dormais?"
4. Soyez conscient lorsque vous vous servez de votre téléphone pendant la journée, surtout lorsque vous vous ennuyez - essayez un exercice de respiration de pleine conscience à la place, pour vous détendre et vous vider l'esprit. Il existe de nombreuses techniques, mais voici un exemple qui ne prend que trois minutes.
5. Si vous voulez vraiment réduire le temps passé sur votre smartphone, examinez de plus près votre utilisation des médias sociaux et, si nécessaire, supprimez vos applications de réseaux sociaux.
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