Lundi 3 septembre, la fédération Wallonie-Bruxelles - l'organisation qui représente la Belgique francophone - a fait savoir, dans une tribune publiée dans le journal Libération, qu'elle voulait modifier une règle de grammaire de français.
À l'origine de cette initiative: deux universitaires francophones belges (qui s'attireront probablement la sympathie des étudiants en français), Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, ont exprimé leur souhait d'abandonner l'accord du participe passé avec le verbe avoir.
Ces derniers sont soutenus par "les avis du Conseil de la langue française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CLFPL) et du Conseil international de la langue française (Cilf)", ce que Libération compare à notre "délégation générale de la langue française, sous la tutelle de la ministre de la Culture."
Un rappel de la règle
La règle a tendance à n'affecter que le français écrit car, lorsqu'il est parlé, il n'y a normalement pas de différence entre la prononciation des participes passés.
En effet, à l'inverse du verbe "être", où les participes passés doivent montrer un accord avec le pronom, le participe passé ne change normalement pas lorsqu'il est utilisé avec le verbe avoir, par exemple; elles ont dansé, tu as vu...
Il existe pourtant quelques exceptions: lorsque l'objet direct vient avant le participe passé, celui-ci doit s'accorder en genre et en nombre avec l'objet direct.
Des crêpes en exemple
L'exemple soutenu par les deux belges est: "Les crêpes que j'ai mangées"
Le participe passé du verbe manger s'accorde donc féminin/pluriel avec l'objet direct "crêpes". Mais si l'objet direct se plaçait après le participe passé, l'accord ne s'applique pas, et donc l'exemple serait "J'ai mangé les crêpes".
Encore dans cette tribune, les deux universitaires affirment que la règle est "obsolète et compliquée au-delà de l’absurde".
Supprimer toutes les exceptions
L'idéal pour les deux belges serait de supprimer toutes les exceptions aux règles afin que le participe passé ne change plus, même utilisé avec le verbe avoir; cela ferait donc, "Les crêpes que j'ai mangé".
"A l'école, les enfants demandent: pourquoi avant et pas après? Souvent, les enseignants savent comment expliquer la règle mais ne savent pas pourquoi elle existe. L'incohérence des règles traditionnelles les empêche de donner un sens à leur enseignement".
"Il serait tellement plus bénéfique… d’enseigner à nos enfants tout ce qui leur permet de maîtriser la langue plutôt que de conserver les parties les plus arbitraires de son code d’écriture".
Nous attendons d’entendre ce que les "immortels" de l’Académie française ont à dire à ce sujet, mais il semble que les universitaires belges ne soient pas trop préoccupés par l’opinion des gardiens de la langue de molière.
Certains en France pensent que les Belges pourraient faire valoir leur point de vue, Nice Matin signant son article sur le sujet avec la phrase "et ils ont peut-être raison".