Etudiants français en Australie : pourquoi ont-ils fait ce choix ?

Ils sont nombreux à avoir fait le choix d’étudier en Australie. Manon, Priscilla Maud et Emilie font parties de celles et ceux qui ont poursuivi leur scolarité à 15 000 kilomètres de la France.

Diverse Group of University Students Walking on Campus

Source: Getty Images/Ariel Skelley

Manon

"Au début c’était dur il y a des moments où j’ai dû quitter mes cours de ‘compta’ pour aller pleurer dans les toilettes en me rappelant que j’avais fait un prêt de $50 000 à ma banque et en me demandant ce que j’allais faire si je n’y arrivais pas", nous raconte Manon.

Au départ elle était venue en Australie, accompagnée d’une amie, pour tenter l’aventure avec le fameux "Working Holiday visa", le visa "Vacances travail".

C’est au cours de son temps passé sur le continent qu’elle s’est dit que le mode de vie Australien lui plaisait et qu’elle pourrait y rester quelques années de plus en poursuivant des études qu’elle comptait, un jour ou l’autre, reprendre.

"J’ai toujours voulu poursuivre mes études car on sait tous qu’en France, si tu n’as pas un master au minimum, c’est compliqué" explique-t-elle.

En France Manon avait effectué deux années de BTS et une année de licence, ce qui lui a permis d’obtenir un double diplôme reconnu comme un Bachelor en commerce, marketing et négociation.

Quelques mois plus tard elle rentre en France avec la ferme idée de revenir en Australie pour y étudier.

Rapidement, elle décroche un rendez- vous avec sa banque et s’engage sur les dix prochaines années à rembourser un prêt de 50 000 dollars Australiens (un peu plus de 30 000 €), afin de réaliser son rêve d’étudier un Master en "Business Administration" à l'Université de Technologie de Sydney (UTS).  

Elle est admise et commence ses cours en Février 2017. Seulement voilà, les cours s’avèrent très intenses et difficiles à suivre.

Malgré avoir validé avec succès le test d’anglais exigé par son université australienne, Manon se sent vite dépassée par son nouveau rythme scolaire.

"Au début j’étais perdue, je ne comprenais pas trop l’accent Australien".

"C’est en partie pour cela que j’ai loupé deux matières".

Pour valider son année, Manon devait réussir à passer quatre matières.

"En France, on te demande d’avoir la moyenne pour valider un semestre, ici il faut passer chaque matière pour valider ton année".

Elle valide du premier coup deux de ses matières avec "distinction" (l'une des plus haute note) mais échoue les deux autres.

Cependant, elle ne se laisse pas décourager et décide d’entreprendre un troisième semestre pour repasser les deux matières qui lui manquaient et valider son année.

Elle explique que le poids du prêt étudiant qui pèse sur ses épaules a été un stress positif.

Son envie de réussir lui a permis de repasser les matières qu’elle n’avait pas réussies pour valider sa première année.

"Je me suis dit, maintenant Manon tu n’as pas le choix, tu dois réussir".

Elle obtient un diplôme en "business administration", mais décide de ne pas poursuivre immédiatement sa deuxième année pour des raisons financières.

Positive, Manon ne regarde que le bon côté que son expérience lui a apporté; "En France je n’ai jamais vraiment été très scolaire, je pense que le système [scolaire] français ne me convenait pas".

Son expérience en Australie a été un beau défi qui, d’après elle, lui aura beaucoup servi.

"Aucun regret, j’ai tellement appris de cette expérience" assure-t-elle.

Manon s’est sentie plus engagée dans ses études en Australie qu’en France, avec un système éducatif lui permettant de donner libre cours à ses réflexions.

"Dans ma scolarité toute ma vie en France on m’a reproché de donner mon opinion, de me poser des questions, en Australie c’est la première fois qu’on me valorise pour exprimer mon point de vue", explique-t-elle.

Faire ses études en Australie demande beaucoup de travail et engendre beaucoup de stress mais "c’est l’expérience d’une vie", selon elle.

Priscilla

Priscilla, quant à elle, a complété un Bachelor en business à Torrens University qui s’effectue normalement en trois ans, mais a pu entrer directement en troisième année grâce aux crédits obtenus avec le DUT qu’elle avait effectué en France auparavant.

Son année de Bachelor lui a coûté dans les $20 000, financé par un crédit bancaire français. Deux raisons l’ont poussé à faire ses études en Australie.

La première, sa rencontre avec son partenaire Australien, et la seconde afin d’éviter les trois mois de travail agricole obligatoires pour une deuxième année de "Working Holiday visa".

"Je n’ai pas choisi de faire un visa étudiant juste pour rester en Australie, mais pour valider un diplôme suite à mon DUT".

Ses études en Australie se sont avérées être le bon pari car elles lui ont permis, suite à un stage effectué en entreprise pendant son cursus universitaire, d’obtenir un travail à plein temps dans cette même entreprise.

Mais si Priscilla se réjouit de son choix aujourd’hui, elle admet certains désavantages de ce type d’études : "Au niveau du prix, car ça a coûté très cher, et les étudiants internationaux ne bénéficient pas des avantages auxquels peuvent bénéficier les Australiens".

Par exemple les étudiants Australiens bénéficient d’une réduction sur les transports en commun, "mais les étudiants internationaux doivent payer leur frais plein pot" dit-elle.

D’autre part, Priscilla avait espéré faire davantage de rencontres et tisser des liens avec les autres étudiants, mais explique que son emploi du temps lui a rendu la tâche compliquée.

Au contraire de la France où les journées de cours s’étendent en général de 8h à 17h, en Australie, Priscilla allait en cours trois fois par semaine avec deux ou trois heures de cours par jour.

"J’avais espéré pouvoir rencontrer plus d’étudiants, me faire plus d’amis".

Son conseil? "N’étudiez pas en Australie si vous ne pouvez pas parler un minimum anglais car vous serez perdu".

Maud

Maud est également arrivée en Australie avec un "Working Holiday visa".

Bijoutière de formation, elle savait au fond d’elle qu’elle n’exercerait pas ce métier toute sa vie.

Elle se lance donc à 25 ans dans un Bachelor en business à KAPLAN Business School, qu’elle a pu financer grâce aux économies qu’elle avait mis de côté ces dernières années.

Durant sa première année, Maud obtient d’excellent résultats qui lui permettent d’obtenir une bourse pour l’aider à financer ses deux autres années d’études à hauteur de 20%.

Déterminée, Maud réussit son Bachelor avec succès et voit beaucoup d’avantages à être venue étudier en Australie.

"Ça t’ouvre l’esprit, ça t’apprend à t’adapter, et ça te permet d’obtenir un diplôme dans une autre langue. Bien sûr il y a des inconvénients mais ce sont des choses temporaires que tu auras oubliées plus tard, alors que cette expérience tu la garderas toute ta vie et tu en profiteras toute ta vie".

Le challenge pour Maud a été d’apprendre à se débrouiller seule et sans sa famille. Mais elle ressort grandit de cette expérience : "si jamais j’étais restée en France je ne suis pas sûre que j’aurais pu apprendre à devenir si débrouillarde".

Un petit conseil de Maud pour ceux et celles qui veulent tenter l’aventure : d’après elle il est important de "mettre des sous de côté car le visa coûte cher, l’école coûte cher, et bien sûr il faut être bien organisé".

Emilie

Emilie n’avait pas prédit son parcours scolaire en Australie, elle comptait y séjourner 6 mois pour améliorer son anglais puis rentrer en France pour effectuer une école de journalisme, avant de réaliser à quel point elle aimait l’Australie et son mode de vie.

Elle entreprend donc un Master en journalisme à UTS, et avoue n’avoir jamais autant travaillé ses cours qu’en Australie : "Je n’ai jamais autant investit de mon temps dans mes études qu’en Australie".

L’anglais n’étant pas sa langue maternelle, Emilie avoue avoir dû redoubler d’efforts pour arriver à ses fins.

Le coût de ses études a aussi été un réel moteur pour entreprendre une telle cadence de travail. Ses parents ont fait un emprunt en France, qu’elle devra rembourser au fur et à mesure une fois qu’elle gagnera sa vie.

"Les études en Australie m’ont apporté de la rigueur dans mon travail" partage-elle.

Emilie pense avoir acquis des connaissances nécessaires à sa future profession de journaliste durant ses études, néanmoins elle aurait aimé que les étudiants aient plus d’opportunités de stage durant leur cursus universitaire.

"Je pense que l’Australie est un pays très dur, je pense que les étudiants français qui veulent venir en Australie doivent être conscient que c’est un pays où certes il fait très bon vivre mais c’est un pays où la vie est difficile", affirme Emilie.

"Malheureusement si l’on ne maitrise pas bien l’anglais c’est difficile d’avoir du travail et les jobs d’étudiants sont souvent des travaux pénibles, le coût des études étant exorbitant, il faut être conscience de cela".

En Australie, les étudiants ayant effectués deux années d’études à temps complet peuvent appliquer à un "graduate visa" leur permettant de rester quelques temps de plus en Australie après l’obtention de leur diplôme.

Néanmoins, certains cursus comme le Master en journalisme d’Emilie, s’effectue obligatoirement en un an et demi, lui refusant cette opportunité.

"Tous les masters devraient être en deux ans pour pouvoir donner ce droit aux étudiants internationaux", pense Emilie.

Comme Manon, Priscilla et Maud, Emilie pense que son expérience d’étude en Australie a avant tout été positive, "même si c’est difficile, je recommande aux gens de faire leurs études à l’étranger car ça apporte une belle ouverture d’esprit".

Selon le département de l’éducation, le nombre total d’étudiants internationaux en Australie toutes nationalités confondues, était de 640,362 en août 2018, soit 11% de plus qu’en août 2017.


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Published

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By Ludmila Zie

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