Les gommes à mâcher sont les déchets les plus présents dans les rues après les mégots de cigarettes. Une fois mâchées, ces boules de gommes finissent dans la nature où elles mettent environ 50 ans à se dégrader ou terminent collées sur les trottoirs.
Un fléau pour l'économie et l'écologie; au Royaume-Uni, environ 50 millions de livres sont dépensés chaque année pour nettoyer les rues. Décollés par un jet d'eau, les chewing-gums se retrouvent dans les égouts, puis dans les rivières et seront mangés par les poissons.
Après 10 ans de recherches, Anna Bullus, une designer anglaise, qui enseigne au Design Museum de Londres, vient de créer sa start-up pour lutter contre cette pollution. L'idée est de collecter les chewing-gums et les recycler en objets du quotidien comme des semelles de chaussures, des gobelets, des crayons ou encore des peignes et des couverts en plastique.
"En tant que designer, j’étais complètement ébahie que rien ne soit vraiment fait pour le recycler le chewing-gum", raconte Anna Bullus.
Les chewing-gums sont en grande partie composés de gomme synthétique, un polymère comparable à certaines matières plastiques. "C'est ce qu'on appelle le polyisobutylène", explique Anna Bullus à la BBC, "la même chose que vous trouvez dans les chambres à air des roues de bicyclettes."
Elle s'est vite rendue compte que le chewing-gum est un matériau polyvalent et potentiellement utile.
Pour persuader les gens de donner leur chewing-gum, Anna a créé des poubelles rose vif en forme de bulle appelées Gumdrop.
Cette poubelle est accrochée à la hauteur de la tête, les gens peuvent y cracher ou jeter leur chewing-gum directement dans le bac. Un message explique que toute gomme collectée sera recyclée en nouveaux objets.
L'Université de Winchester a été l'un des premiers endroits à tenter l'expérience des poubelles roses. Environ 8 000 personnes vivent et travaillent sur le campus et les autorités ont voulu le garder propre des déchets de gomme.
Pas moins de 11 poubelles ont été installées autour de l'université, renforçant le message que le chewing-gum peut être recyclé de manière responsable. Des centaines de tasses à café faites de gomme recyclée ont été distribuées aux étudiants de première année.
"Les élèves devaient renifler la tasse pour vérifier qu'elle ne sentait pas la menthe ou le chewing-gum", se souvient Liz Harris, responsable de l'environnement à l'université.
Dix-huit mois plus tard, l'université a remarqué une baisse des déchets de gomme et compte étendre le programme.
L'aéroport d'Heathrow a également mené un essai de trois mois qui aurait conduit à une «amélioration notable» et permit d'économiser 6 000 livres sterling en frais de nettoyage.
Dans chaque cas, les poubelles ne résolvent pas soudainement le problème de la pollution du chewing-gum, mais elles semblent commencer à faire changer le comportement des gens.