Environ 84 000 manifestants se sont rassemblés pour le neuvième samedi "Gilets jaunes" à travers la France, contre 50 000 la semaine précédente, a annoncé le ministère de l'Intérieur, ajoutant que 244 personnes avaient été arrêtées.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a salué la responsabilité des manifestants à ne pas utiliser la violence, notamment à Paris, où 8 000 "Gilets Jaunes" ont protesté "sans incident grave".
De nombreux manifestants ont chanté l'hymne national la "Marseillaise", tandis que d'autres ont crié "Macron démission!" ou "Libérez Christophe", une référence à l'ex-boxeur filmé en train de boxer violemment deux CRS lors de la manifestation de la semaine dernière.

Protesters wave flares. Source: AAP
Pour la première fois, les organisateurs de la marche parisienne ont déployé des équipes vêtues de brassards blancs pour accompagner la marche qui a débuté près de la place de la Bastille à Paris et à également été importante à Bourges.
"Nous guidons la marche pour nous assurer qu'ils respectent la route et évitent les affrontements, afin qu'ils ne répondent pas aux provocations de la police", a déclaré Anthony à l'AFP l'un des "bandes blanches".

Street medics tend to an injured person. Source: AAP
Des dizaines de manifestants se sont ensuite affrontés avec la police anti-émeute vers l'Arc de Triomphe à Paris, provoquant des rafales de gaz lacrymogène et des canons à eau, alors que les forces de sécurité les empêchaient de se rendre sur les Champs-Élysée.
Les manifestants ont commencé à se disperser en début de soirée, cependant, et la police a commencé à enlever les véhicules blindés et les camions dans un climat de calme relatif.
"Macron démission!"
Environ 32 000 personnes ont envahi les rues du pays à 14h00 heure locale, a annoncé le ministère de l'Intérieur, contre 26 000 la semaine dernière - à la même heure, mais bien en deçà des 300 000 manifestants des premiers jours.
Des dizaines de personnes ont également été arrêtées ailleurs, notamment dans la ville plus centrale de Bourges, lieu d'un autre grand rassemblement visant à attirer les manifestants qui habite loin de la capitale.

A yellow vest protester throws debris at riot police amid tear gas smoke during clashes around the Arc of Triomphe, in Paris. Source: AAP
"Je gagne 1 200 euros par mois, et les impôts pèsent tous les jours sur mes économies. Ils nous enlèvent tout ce que nous avons", a déclaré "Vercingetorix", un archéologue à la retraite de 74 ans, déguisé en légendaire résistant gaulois.
"Nous voulons que le Parlement soit dissous. Macron doit cesser de nous ignorer et doit prendre conscience de la gravité de la situation", a déclaré William Lebrethon, un ouvrier du bâtiment âgé de 59 ans au milieu de panneaux où il est écrit: "Macron démission!" et "la France est en colère".
Quelques centaines de manifestants ont ensuite brûlé des poubelles au milieu d'affrontements dans le centre historique de Bourges. Des échauffourées ont également eu lieu à Toulouse, Bordeaux, Lille et d'autres villes.
"Condescendant et arrogant"
Le mouvement des Gilets jaunes, qui commençait par protester contre les taxes élevées sur le carburant, a provoqué un rejet massif du président Macron et de ses politiques, qui sont perçues comme favorisant les nantis aux dépens de la France rurale et des petites villes.
De nombreux manifestants ont déclaré que la violence allait dans les deux sens, citant des images de médias sociaux montrant un policier frappant à plusieurs reprises un homme non armé sur le terrain lors d'une manifestation à Toulon.
Macron a appelé à la tenue d'un débat national à partir de la semaine prochaine pour entendre les électeurs, dans l'espoir de satisfaire les revendications pour avoir davantage voix au chapitre dans l'élaboration des lois nationales et de calmer la colère des manifestants.
Il a déjà dévoilé un plan d'allègement financier de 10 milliards d'euros destiné aux personnes à faibles revenus et supprimé la hausse prévue de la taxe sur les carburants.
Un sondage de l'institut de sciences politiques Cevipof publié vendredi a montré que 77% des personnes interrogées pensent que les politiques inspirent par "la méfiance", le "dégoût" ou "l'ennui".

Police in Paris are preparing to face another weekend of 'yellow vest' protests. Source: Getty Images
Macron n'a peut-être pas séduits avec cette phrase qui a été mal jugée par les "Gilets jaunes": "trop de nos citoyens pensent pouvoir obtenir quelque chose sans faire l'effort nécessaire".
"Je travaille 60 heures par semaine et je ne gagne même pas le salaire minimum!" a déclaré Maurice, un charpentier de 60 ans lors d'une manifestation à Strasbourg.
"Macron va trop loin, il est condescendant et arrogant. Nous voulons que le système change", a ajouté sa femme, préférant garder l'anonymat.