Le ministre australien de l’Intérieur, Peter Dutton, est au coeur d'une polemique pour avoir empêché la déportation de deux jeunes femmes au pair en 2015. Ces dernières auraient tenté d’entrer au pays avec un visa de touriste, plutôt qu’un visa travail.
Dutton serait intervenu personnellement pour qu’elles puissent entrer au pays, à la demande de connaissances.
Une enquête du Sénat sur la question a lieu en ce moment même, les conclusions étant attendues le 11 septembre.

Federal Minister for Home Affairs Peter Dutton has launched a counterattack at claims he helped a friend's au pair. Source: AAP
Qu’est-ce qu’une personne au pair ?
Une personne au pair vient d’un autre pays et son rôle est d’aider aux soins des enfants et aux tâches ménagères. Le terme « au pair » fait référence au fait que la personne vit avec une famille hôte et reçoit une allocation, mais est principalement rémunérée avec un logement et des repas.
On conseille généralement aux familles de calculer le salaire de leur travailleur au pair en utilisant le salaire minimum (18,29$) et en prélevant le coût du logement et de la nourriture (en moyenne $350 par semaine).
Selon la Cultural Au Pair Association of Australia, les jeunes au pair s’occupent des enfants et des tâches ménagères entre 20 et 40h par semaine.
Il y aurait des dizaines de milliers d’au pair en Australie, principalement des jeunes femmes venant d’Allemagne, de France, des Pays-Bas et de la Scandinavie.

Au pairs live with an host family. Source: Aussie Au Pair Services
Pourquoi travailler comme au pair ?
Plusieurs jeunes femmes viennent travailler comme au pair en Australie pour apprendre l’anglais. Elles peuvent ainsi s’acclimater au pays avant de partir voyager.
« Plusieurs veulent améliorer leur anglais et apprennent à le parler couramment en seulement quelques mois, » affirme Nicole Kofkin, directrice de l’agence Smart Au Pairs.
Wendi Aylward, fondatrice de l’agence AIFS, explique que d’avoir un emploi organisé avant de partir à l’étranger enlève beaucoup de stress à ceux qui voyagent pour la première fois. « De plus en plus de jeunes veulent s’immerger dans la culture plutôt que de rester dans une auberge de jeunesse. Ils veulent vivre avec une famille australienne, faire l’expérience de la vie australienne, » ajoute-t-elle.
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Les jeunes au pair peuvent se trouver du travail de manière informelle ou à travers une agence. Certaines agences vont faire enquête sur le travailleur et la famille avant le placement, mais ce n’est pas toujours le cas.
Une étude de University of Technology Sydney (UTS) révélait en 2017 que l’Australie « a l’un des systèmes au pair parmi les moins régularisés au monde ».
Quel visa est nécessaire ?
Si vous voulez travailler comme jeune au pair, il vous faut un visa de travail valide. « Il n’y a aucun travail d’au pair de permis sous un visa de touriste ou de visiteur, » explique Julie Williams, une agente de migration chez Migration Down Under.
Il n’y a pas de visa spécialement pour les jeunes au pair. Il faut postuler pour un visa vacances-travail (sous-catégorie 417) ou un visa vacances et travail (sous-catégorie 462).
Tous les deux n’acceptent que les postulants entre 18 et 30 ans. Ils permettent un placement de six mois, avec la possibilité d’allonger pour un autre six mois.
Comme il faut venir d’un pays avec une entente de réciprocité sur les visas de vacances travail pour être au pair en Australie, plusieurs nationalités ne peuvent être au pair.

French au pair Alexandra Deuwel was initially refused a tourist visa over concerns she planned to work. Source: Facebook
Un visa au pair permettrait à des jeunes de plus nationalités de faire ce genre de travail, en plus de faire connaître le nombre exact d’au pair au pays.
Exploitation dans l’industrie
En 2017, la Cultural Au pair Association of Australia se disait inquiète du manque de régulation dans l’industrie. « De plus en plus, on voit dans les médias des histoires de jeunes au pair qui doivent travailler excessivement ou qui ne sont simplement pas payés, » peut-on lire dans leur déclaration.
L’étude de l’UTS révèle que les jeunes au pair ont peu de recours s’ils se blessent au travail ou si leur famille hôte refuse de les payer. De même, la famille hôte ne peut rien faire si leur jeune au pair part sans donner de préavis.
La Cultural Au Pair Association of Australia voudrait voir instaurer une assurance obligatoire qui couvre les au pair, des règles plus sévères et des enquêtes plus approfondies sur les au pair et familles.