Points clés
- L'écart entre les résultats scolaires des élèves autochtones et non autochtones s'est réduit au fil des ans, mais il persiste.
- Certains experts estiment que l'adoption d'initiatives d'éducation culturelle et dirigées par les Premières Nations améliorera les résultats scolaires de tous les enfants.
- Une diplômée de 12e année crédite le soutien des enseignants et le lien avec la culture par le biais de l'école pour son jalon scolaire.
Avant la colonisation européenne, les cultures des Premières Nations disposaient de systèmes éducatifs riches, profondément liés à la terre, au savoir et à la communauté. Ces traditions continuent de fournir de précieuses informations aujourd'hui.
Pourtant, l'inégalité des résultats scolaires existe toujours. Les étudiants autochtones ont des taux de fréquentation scolaire, d'alphabétisation et de performances en mathématiques inférieurs. Les Premières Nations sont aussi moins representées au niveau universitaire. Cela est dû à des facteurs historiques et persistants tels que la discrimination, le manque d'éducation culturellement inclusive ainsi que des désavantages socio-économiques.
Selon Sharon Davis, membre des clans Bardi et Kija, est directrice générale de la National Aboriginal and Torres Strait Islander Education Corporation (NATSIEC). Elle souligne qu'il est important de reconnaître l'histoire de la discrimination à laquelle sont confrontés les enfants autochtones lorsque l'on discute de la manière de combler l'écart éducatif.
« Les lois et les politiques ont clairement contribué à empêcher les enfants autochtones d'aller à l'école depuis le début », souligne t'elle en citant un récent rapport publié par la National Indigenous Youth Education Coalition.
« Cela a mis en lumière des pratiques telles que des politiques d'exclusion sur demande introduites au début du 20e siècle... de par ces pratiques des familles non autochtones pouvaient exiger le retrait des enfants autochtones des salles de classe. »

Sharon Davis, CEO of NATSIEC Source: Supplied / Sharon Davis
Suite à ces excuses, un engagement a été pris pour combler le fossé entre les Australiens autochtones et non autochtones dans divers domaines de la vie, y compris l'éducation.
L'un des principaux objectifs de ce qui constitue aujourd'hui l'Accord national pour combler l'écart est de réformer la façon dont les gouvernements travaillent avec les peuples et les communautés des Premières Nations pour surmonter les inégalités, notamment en s'engageant à développer le secteur contrôlé par les communautés.
« Nous savons que les organisations contrôlées par les communautés autochtones constituent le moyen le plus durable de répondre aux besoins des communautés », déclare Davis.
« Et lorsque notre personnel dirige l'enseignement, nous constatons un meilleur engagement, de meilleurs résultats et des parcours mieux adaptés pour nos jeunes. »
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What is Closing the Gap?
L'éducation culturelle serait-elle être la voie à suivre ?
Le Dr Anthony McKnight est un homme issu des peuples Awabakal, Gameroi et Yuin. Il travaille au centre d'études aborigènes Woolyungah de l'université de Wollongong.
Il a passé de nombreuses années à enseigner et à faire des recherches sur la manière d'intégrer la pédagogie autochtone dans les programmes, les politiques et les pratiques.
Le Dr McKnight pense que nous devons redéfinir le concept même de « combler l'écart » dans le domaine de l'éducation autochtone.
« Pour moi, si vous avez un spectre, vous avez l'enseignement autochtone et l'enseignement occidental, et l'étudiant autochtone entre les deux. »
Selon lui, les initiatives visant à combler l'écart finissent généralement par rapprocher l'étudiant de l'extrémité occidentale du spectre de l'enseignement.
« Mais cela laisse un énorme fossé par rapport au système éducatif autochtone. »
« Pour moi, il devrait s'agir de l'enfant autochtone qui se situe au milieu, puis les deux connaissances se rejoignent pour arriver à ce juste milieu. Nos étudiants doivent être compétents pour pouvoir vivre dans les deux systèmes de connaissances. »

Le Dr McKnight a passé des années à enseigner et à faire des recherches sur la manière d'intégrer la pédagogie autochtone dans les programmes, les politiques et les pratiques. Source: Supplied / MichaelDavidGray
« J'essaie de prendre soin non seulement des enfants autochtones, mais aussi des enfants non autochtones en prenant soin de cet endroit... C'est l'entité qui nous fournit tout ce dont nous avons besoin et nous parcourons tous la même terre, buvons la même eau et respirons le même air. »
L'égalité des résultats en matière d'éducation : une feuille de route en cours
Selon les dernières données disponibles dans le cadre de l'Accord national sur la réduction de l'écart, le fossé entre les résultats scolaires des élèves autochtones et non autochtones s'est réduit au fil des ans, mais il persiste.
« Par exemple, le taux de rétention des élèves autochtones au secondaire est actuellement de 59 %, contre 85 % pour les élèves non autochtones », explique Sharon Davis.
« Et lorsque nous constatons des écarts dans les résultats, cela reflète surtout l'échec du sytème éducatif à répondre aux besoins des étudiants et des jeunes aborigènes ainsi que les insulaires du détroit de Torres, et non l'inverse. »

Retori Lane (L) avec sa mère, Jenadel Lane. Source: Supplied / Retori Lane
Elle fait partie de la plus grande cohorte d'étudiants autochtones à avoir terminé leur 12e année en Nouvelle-Galles du Sud.
Mme Lane estime qu'elle doit sa réussite à un environnement d'apprentissage favorable.
Son réseau de soutien comprenait notamment du personnel scolaire, des enseignants autochtones et des travailleurs de la National Aboriginal Sports Corporation Australia (NASCA), une organisation qui gère des programmes en Nouvelle-Galles du Sud et dans le Territoire du Nord visant à aider les élèves autochtones à se connecter à la culture et à réussir à l'école.
« J'ai certainement reçu beaucoup de soutien de la part de tout le personnel, en particulier », affirme-t-elle. « Et aussi les travailleurs de la NASCA. Ils venaient, ils nous emmenaient aux leçons, ils nous aidaient tout au long du processus. Et les professeurs étaient là pour nous aider dans tous les domaines. »
La mère de Retori, Jenadel, est directrice adjointe du Dubbo Senior College, où sa fille a obtenu son diplôme, et la première de sa famille à aller à l'université.
Elle pense qu'un soutien personnalisé et un environnement adaptés à la culture permettent à tous les élèves de tirer le meilleur parti de leur éducation.
« Je suis passionnée par l'idée d'aider les enfants autochtones à terminer leur 12e année, car c'est par cette petite contribution que je peux contribuer à l'essor de mon peuple. C'est pourquoi je suis devenue enseignante.
« Et j'espère que cela leur ouvrira des portes après l'école. »
Retori Lane va désormais étudier les sciences humaines avec une spécialisation en études autochtones.
« J'essaie de me mettre en position d'éduquer d'autres enfants autochtones qui ont été désanvatagés au fil des générations. J'espère donc contribuer au processus visant à faire revivre la culture, à lui redonner vie. »
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Who are the Stolen Generations?
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