Nous avons eu le plaisir de parler à Benoît Trépied, anthropologue spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, pour analyser les événements tragiques survenus il y a un an sur l’archipel. Il revient sur les violences qui ont coûté la vie à 14 personnes, et les décrypte comme le fruit d’un profond malaise social et politique, nourri par des décennies de marginalisation, en particulier chez la jeunesse kanak. Selon lui, cette révolte dépasse la simple colère immédiate et traduit une crise identitaire et institutionnelle plus large.
Il y a fort à parier que le pays explosera encore et encore et encore parce que les Kanaks n'abandonneront jamais cette revendication d'indépendance
Les conséquences de ces émeutes ont été lourdes, tant sur le plan humain qu’économique. De nombreux commerces ont été détruits, l’économie locale est à genoux, et les investisseurs désertent la région. Benoît Trépied souligne que cette déstabilisation fragilise davantage une société déjà divisée, et que toute réponse durable à la crise devra passer par la compréhension des racines profondes du malaise calédonien.
Le processus de décolonisation tel qu'évoqué dans les accords s'est arrêté aux portes de Nouméa
L’épisode revient aussi sur le contexte politique en France, marqué par la dissolution de l’Assemblée nationale, qui a mis en pause la gestion du dossier calédonien. Cette instabilité a renforcé les tensions entre loyalistes et indépendantistes. Pour Benoît, seule une reprise du dialogue et une reconnaissance des revendications kanak, notamment autour de la souveraineté, permettront d’éviter de nouvelles violences. Il rappelle que les accords de Nouméa, bien qu’ambitieux, n’ont pas apporté les réponses espérées par la population kanak.
Tant que cette revendication de recouvrement de souveraineté ne sera pas assouvie, il y aura toujours ces tensions
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