Les gens en surpoids subissent de la discrimination un peu partout dans le monde, mais en France, c’est à un autre niveau. Dans son livre coup de poing, On ne naît pas grosse, Gabrielle Deydier partage son histoire.
« Mon but était de prouver aux gens que la grossophobie, ça existe. Avant, quand j’en parlais, les gens ne comprenaient pas. Ils pensaient que c’était des bêtises, une sorte de victimisation pour justifier certains échecs professionnels ou dans la vie », dit-elle.
La grossophobie, c’est quoi ?
La grossophobie est un dédain des gros, basé dans des préjugés, et menant souvent à la discrimination.
Ça peut se présenter comme un patron qui refuse d’embaucher une grosse personne, assumant qu’elle est paresseuse, ou comme un docteur qui ne fait pas tous les examens nécessaires, se disant qu’une personne n’a que besoin de perdre du poids pour être mieux. Il y a aussi le grossophobie du quotidien, quand les personnes obèses ne peuvent aller au cinéma ou dans certains transports, ne pouvant pas s’assoir sur les sièges.
Le mouvement d’acceptation des gros, qui tente de faire changer ce biais, est présent en France, mais encore timide. Il faut dire que l’idéal de beauté français prône la minceur chez les femmes.
« En France, on pense que c’est une question de volonté, que les obèses sont fainéants. »
Mais l’Organisation mondiale de la santé est pourtant claire, classifiant l’obésité comme une maladie. « Ce n’est pas possible de maltraiter les gens parce qu’ils sont malades, c’est intolérable », dit l’autrice.
L’expérience de Gabrielle
Aujourd’hui âgée de 38 ans, Gabrielle Deydier est obèse depuis ses 17 ans. Adolescente, elle se rend chez le docteur pour perdre quelques kilos, mais il la somme de perdre plus, et de prendre un régime hormonal. Son rapport à la nourriture bousillé et les hormones lui feront prendre plus de poids.
Lorsqu’elle arrive sur le marché du travail, elle subit tout de suite de la discrimination. « On me disait “Non, on ne travaille pas avec des gens gros”, “Non, vous êtes trop grosse”. On m’a dit que mon QI était inversement professionnel à mon IMC. » Et cette attitude ne venait pas que des employeurs, mais aussi de docteurs, de collègues et même d’étrangers.

Éditions Goutte d'Or Source: Éditions Goutte d'Or
On ne naît pas grosse
Fâchée, l’autrice française a voulu mettre des mots sur son expérience en publiant On ne naît pas grosse aux Éditions Goutte d’Or. Ce livre puissant publié en juin a depuis fait parler de lui aux quatre coins du monde.
Sachant que près d’un tiers de la population est obèse ou en surpoids, il sera grand temps de changer notre vision et traitement des gros. « J’espère que ça va aider à changer les mentalités et faire comprendre aux gens que le poids, c’est quelque chose de très personnel et que ça ne regarde que la personne. Chacun fait ce qu’il peut, comme il peut. On est obligé d’intégrer ces gens à la société, on ne peut pas les laisser de côté », plaide-t-elle.
Écoutez notre interview complète avec Gabrielle Deydier :