Personnage : Jane Goodall

Jane Goodall, author of "Through A Window," is pictured at the Four Seasons Clift Hotel in San Francisco on Oct. 11, 1990. (Tom Levy/San Francisco Chronicle via AP) Credit: Tom Levy/AP
Ambassadrice des chimpanzés, la primatologue britannique Jane Goodall, décédée mercredi à l'âge de 91 ans, a changé le regard de l'homme sur sa place dans la nature et a inlassablement défendu la cause environnementale. Francois Vantomme, Le parcours de Jane est totalement atypique…
Christophe Mallet
Et notre personnage de la semaine, ambassadrice des chimpanzés, la primatologue britannique Jane
Goodall est décédée mercredi à l'âge de 91 ans. Elle a changé le regard de l'homme sur sa place dans
la nature et inlassablement défendu la cause environnementale. François Vantomme revient sur le
parcours de Jane.
Francois Vantomme
À Londres le 3 avril 1934, secrétaire de formation et naturaliste autodidacte, elle se rend pour la
première fois en Afrique, invitée par des amis propriétaires d'une ferme au Kenya. En 1957, elle
rencontre le conservateur du musée national kenyan, le célèbre paléanthropologue Louis Leckie. Il
lui fait une proposition audacieuse, aller observer des chimpanzés au bord du lac Tanganyika, dans
un environnement qui rappelle celui de nos lointains ancêtres. Grâce à sa persévérance, Jane Goodall
parvient à être acceptée et devient presque l'une des leurs. Les scientifiques de la vieille école
sont choqués à la lecture de ses premiers rapports où elle parle de David Barber Grise, Flo, Mike,
McGregor et d'autres, au lieu d'individus identifiés par des sigles et des numéros. Elle décrit en
détail leur société et leur rapport complexe et découvre qu'ils ne sont pas végétariens mais
omnivores. C'est pour son étude de ces chimpanzés que Jane Goodall s'est fait connaître. Dans les
années 60, la Britannique qui n'avait qu'une vingtaine d'années commence à les étudier dans la
réserve de Gombe en Tanzanie. Elle révèle alors que les chimpanzés utilisent eux aussi des outils,
en l'occurrence une tige pour attraper des termites, une spécificité qu'on ne pensait alors n'être
l'apanage que des humains. Elles documentent également leur comportement de leur recours à la
violence, à leur deuil après la mort d'un des leurs. Ces découvertes chamboulent la compréhension
des comportements des animaux et redéfinissent la frontière entre l'homme et les autres espèces.
Christophe Mallet
Un parcours académique insolite et réplique certains comportements qu'elle observe dans sa vie
privée, notamment en ce qui concerne la manière d'élever son fils.
Francois Vantomme
Elle rejoint l'université de Cambridge et obtient en 65 un doctorat en éthologie, malgré l'absence
d'un diplôme universitaire préalable. Seules 7 personnes avaient suivi ce chemin auparavant dans cet
établissement. En 64, elle épouse le photographe Hugo van Leeuwenk, qui illustre son travail pour
Life et National Geographic. Ils ont un fils, Hugo, surnommé Grub. Chez les chimpanzés, le lien
mère-enfant est très fort. La mère est constamment avec l'enfant et j'ai élevé Grubb de cette façon.
Jusqu'à ses 3 ans, je ne l'ai jamais laissé seul une journée entière. Son second mari, Derek Bryson,
directeur des parcs nationaux tanzaniens, entre dans sa vie en 1973 et meurt 7 ans plus tard d'un
cancer.
Christophe Mallet
Grande figure de la science du XXe siècle, maintes fois distinguée, Jane Goodall devient dans les
années 70 une activiste de la nature.
Francois Vantomme
Dès 77, elle crée un institut pour gérer en Afrique des centres d'accueil de chimpanzés issus du
braconnage. Puis le Chimpanzoo, programme destiné à améliorer les conditions de vie des primates
captifs. Et en 91, Roots & Shoots, racines et pousses, destiné à sensibiliser les jeunes à
l'environnement. En 2022, Mattel sort une barbie à son effigie. Elle dira « Je suggère depuis
longtemps que les filles ne veulent pas seulement être des stars de cinéma. Beaucoup d'entre elles,
comme moi, veulent être dans la nature, à étudier les animaux ». Dans une tribune du Monde, écrite
pendant le Covid-19, elle établit un lien entre la pandémie et notre manque de respect pour le monde
naturel. Végétarienne convaincue, elle dénonce sans relâche les atteintes à la biodiversité. Nous
savons ce que nous devons faire, nous avons les outils nécessaires, mais nous nous heurtons à une
pensée à court terme du gain économique, contraire à la protection à long terme de l'environnement.
Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a déclaré « Elle laisse derrière elle un héritage
extraordinaire pour l'humanité et notre planète ».











